Partir s’installer à l’étranger, pour quelques mois ou pour une durée indéterminée, est un projet qui se prépare à l’avance. Si l’expatriation reste un moment magique et gravé dans la mémoire à jamais, tout n’est pas nécessairement simple quand on découvre un nouveau pays, une nouvelle culture. Préparer consciencieusement valises, visa, permis international, c’est une chose. Mais se préparer mentalement à une expatriation est tout aussi important. Nous vous en dévoilons les raisons dans cet article.

jeune homme à l'étranger regardant la ville au coucher de soleil

« Voir le monde de ses yeux est mille fois mieux que n’importe quel rêve » Ray Bradbury

En 1991, Black et Mendenhall lancent leur « U-curve adjustment theory » (la courbe de l’adaptation) qui repose sur la théorie du sociologue norvégien Sverre Lysgaard. Elle définit les différentes phases par lesquelles passe un.e expatrié.e. Quatre phases, ressenties plus ou moins fortement selon la destination choisie et dont la durée sera variable selon différents critères, se distinguent. L’importance de cette théorie est qu’elle peut permettre aux futurs expatrié.e.s de réaliser que l’expérience à l’étranger ne peut pas être parfaite à chaque instant et qu’ils ne devraient pas se sentir coupable de ressentir le manque de leur pays pendant leur voyage. Cette courbe témoigne tout simplement des hauts et des bas de l’adaptation à un nouvel environnement.

courbe de l'adaptation de l'expatrié à l'étranger en quatre étapes

1. La « lune de miel » (honeymoon)

Vous arrivez dans un nouveau pays : tout est beau, agréable, les rencontres se font naturellement, votre voyage est idéal, encore mieux que ce que vous aviez imaginé. Cette phase dure généralement quelques semaines. C’est la phase ou l’on a envie de prendre le moindre bâtiment en photo. Dans le film L’auberge Espagnole, qui fait référence plusieurs fois au mal du pays, le personnage principal explique cette excitation de découvrir des nouveaux noms de rues, auquels vous ne prêterez d’ailleurs plus attention une fois que vous y serez habitués. Vous pouvez même avoir la sensation que vous avez toujours appartenu à cet endroit qui se révèle pour vous comme une évidence. Vous vous prenez même à rêver à vous installer ici pour toujours.

Cette première phase est essentielle pour comprendre la suivante : vous êtes dans un état d’extase devant votre pays d’accueil qui est au dessus de la normale et la redescente de ce nuage, inévitable, ne peut qu’être vertigineuse.

2. Le choc culturel (crisis)

Toutes les bonnes choses ont donc une fin : tout à coup, les différences culturelles vous frappent, le fromage vous manque autant que votre famille, vous vous sentez déraciné.e et loin de tout : vous vivez alors un véritable choc culturel. C’est à ce moment que la solitude peut se faire ressentir. Vous aimeriez que vos proches partagent votre expérience à vos côtés. Vous pouvez aussi vous sentir incompris par eux, qui continuent leur vie alors que vous vivez quelque chose de très différent. C’est justement à ce moment là qu’il est important de comprendre qu’effectivement, personne ne peut comprendre ce que vous vivez car votre expérience est unique.

Sachez que ces sentiment sont normaux et ressentis par tous, même si vous vivez votre rêve. Cette étape est nécessaire pour réussir à s’intégrer par la suite. La difficulté de cette phase est que vous pouvez inconsciemment culpabiliser de ressentir tout cela alors que c’est votre choix d’être parti.e s’expatrier. Votre entourage resté dans votre pays d’origine peut aussi s’étonner que vous ne viviez pas toujours positivement votre aventure. Rappelez vous que votre expérience vous appartient, quoi qu’en pensent les autres.

Il est également important de relever que l’intensité du choc culturel qu’un.e expatrié.e peut ressentir dépend aussi de plusieurs facteurs extérieurs, notamment a quel point le mode de vie du pays est différent du vôtre, ou alors votre genre ou votre couleur de peau. C’est pourquoi il est important d’en parler ou de se tourner vers une aide extérieure si cette période de crise dépasse le simple questionnement existentiel du « vais-je réussir à m’adapter à ce nouveau pays ».

Jeune homme part s'expatrier en espagne et pleure dans l'avion

L’Auberge Espagnole, film de Cédric Klapisch, 2002

3. L’adaptation (recovery)

Vous avez donc réalisé que la vie dans ce nouveau pays peut être aussi magique que difficile et qu’il faut vous adapter. Bonne nouvelle cependant : la crise est passée ! Vous commencez à prendre vos marques, à réussir à baragouiner quelques mots de la langue nationale, vous avez un petit cercle d’amis qui se forme, vous commencez à vous repérer dans la ville sans GPS : vous vous adaptez. Une certaine routine s’intalle, vous avez vos habitudes dans certains cafés, restaurants, magasins, bars de la ville. Cette routine est importante pour un.e expatrié.e parce que c’est la seule façon de se sentir chez soi quelque part. Et non, routine n’est pas forcément synonyme d’ennui !

4. La maîtrise (adjustment)

Ça y est, vous êtes assimilé.e à un.e « born and raised » ! Vous connaissez la ville par cœur, vous vous sentez comme chez vous. Certes votre famille et amis vous manquent, mais ce que vous vivez en vaut la peine. Vous avez vraiment l’impression de vivre votre rêve et de comprendre le fonctionnement de votre pays d’adoption. Vous pouvez être fière de vous : vous êtes devenu un « expat » à part entière !

Une jeune femme expatriée sourie au milieu d'une grande avenue avec des grands immeubles en arrière plan.

Bien que votre expatriation soit mûrement réfléchie, vous passerez par ces différentes phases et c’est normal. La question « vais-je m’adapter ? » est humaine et vous trottera dans la tête même après votre arrivée sur place, surtout dans la phase de crise. Mais gardez en tête que vous êtes totalement capable de vous adapter, de réussir à comprendre les codes de votre nouveau pays : laissez vous juste du temps !

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Ombeline Jouvin